Déploiement du nouveau mobilier urbain à Troyes : réponse à l’article de l’Est Eclair

Lundi 7 octobre, une pleine page de l’Est Eclair détaillait le déploiement du nouveau mobilier urbain à Troyes, avec en exergue « Le nouveau marché va générer une économie de près de 250000 € par an, ce qui n’est pas neutre ». Petites remarques en réponse à cet article.


Nous vous en parlions il y a près d’un an après avoir découvert de manière fortuite le cahier des charges de la nouvelle concession  pour le mobilier urbain troyen. C’est donc fait, « 300 mobiliers vont être implantés progressivement dans la cité » par l’entreprise JCDecaux. Ou plutôt : 300 mobiliers en bon état vont être remplacés par des mobiliers neufs. Réjouissons-nous, l’article nous apprend que ces « équipements [sont] conçus en matériaux recyclables ». Ouf ! ce n’est donc pas du gaspillage, nous voici rassurés !

Et c’est rassurant aussi pour l’entreprise JCDecaux, qui seule « supporte tous les risques. Rien n’est à la charge de la collectivité, ni du contribuable« , selon son directeur régional. Mais quel modèle économique peut permettre à une entreprise qui remplace son mobilier en état impeccable par du mobilier neuf tous les 12 ans ? L’économie circulaire certainement, la green economy, la croissance verte ?…

(Nous ne résistons pas au plaisir de vous faire découvrir ce bel exemple de green washing de l’afficheur.)

Mais non ! ce qui permet à JCDecaux d’être leader mondial, et à Troyes de nous offrir ce mobilier design, c’est la pub bien sûr ! La publicité, garante de la gratuité des services ? Il y a un slogan que les antipub aiment à citer à propos d’internet : « si c’est gratuit, c’est toi le produit !« . A Troyes, c’est le regard des Troyens, leur attention, leur liberté de réception qui payent le mobilier urbain. Ça ne coûte rien à la Ville, directement, mais les Troyens, eux, paient doublement : quand ils prêtent, involontairement, leur attention aux messages publicitaires qu’ils reçoivent contre leur gré ; et quand, en définitive ils vont acheter les produits qui leur ont été vantés par la pub.

Dernier sujet de cet article, la pub numérique – enfin, ce n’est pas dit aussi explicitement, on nous parle de « journaux digitaux d’information municipale », bien sûr. En ces temps d’alerte sur les consommations d’énergie et les pollutions lumineuses, il est important de vanter les pratiques vertueuses : ainsi, « l’éclairage LED, retenu pour ces nouveaux équipements, apportera une économie substantielle d’environ 50 %. » 50 % par rapport à quoi ? Car, très clairement, le numérique, technologie LED ou non, consomme bien davantage qu’une affiche rétroéclairée… et a fortiori qu’une affiche éteinte ! Alors, que l’on nous dise que l’intensité lumineuse sera adaptée à la luminosité ambiante et que « l’ensemble des écrans digitaux seront éteints la nuit » (le RLP de Troyes prescrit une extinction entre minuit et 6 h du matin, les nuits sont courtes !), ça nous fait drôlement rigoler …

Nous laissons la conclusion à Mathieu Baty, président de Sauvegarde et avenir de Troyes : « La publicité, c’est un peu tabou. Pour nous, moins il y en aurait, mieux ça serait ! ».

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