Les groupes locaux de RAP et Greenpeace Troyes ont choisi de s’associer à l’appel à Agir contre la réintoxication du monde lancé par des écologistes, ZAD et syndicalistes, la veille de la publication par Greenpeace et RAP du rapport « Pour une loi Evin climat ». Voici un extrait de l’appel.
Pendant le confinement, nous avons aperçu pour la première fois dans nos existences ce qui serait encore possible si la machine infernale s’arrêtait enfin, in extremis. Nous devons maintenant agir concrètement pour qu’elle ne se relance pas.
Certes, nous ne reviendrons pas sur les espèces disparues, les millions d’hectares de terres ravagées, de forêts détruites, sur les océans de plastique et sur le réchauffement planétaire. Mais de manière inédite dans le capitalocène, les gaz à effet de serre ont diminué partout ou à peu près. Des pans de mers, de terres ont commencé doucement à se désintoxiquer, tout comme l’air des villes suffoquées de pollution. Les oiseaux sont revenus chanter. Nous avons paradoxalement vu se dessiner le tournant que l’humanité aurait dû prendre depuis bien longtemps : faire chuter drastiquement la nocivité globale de ses activités.
Cependant, ce tournant que nous désirions tant, nous n’avons généralement pas pu l’éprouver dans nos chairs parce que nous étions enfermé.es. Car le confinement a été pour la majorité de la population le début d’un cauchemar. Une période qui renforce encore brutalement les inégalités sociales, sous pression policière.
Et le drame absolu c’est que, malgré tout ce que la situation a de bouleversant, nos gouvernants n’en étaient pas moins déterminés à relancer dès que possible tout ce qui empoisonne ce monde et nos vies – tout en nous maintenant par ailleurs isolé.es et contrôlé.es dans des cellules numériques, coupé.es de ce qui fait le sel et la matérialité de l’existence.
Rien ne les fera bifurquer, si on ne les y contraint pas maintenant
Le déconfinement en cours doit être un élan historique de reprise en main sur nos territoires, sur ce qui est construit et produit sur notre planète. Il doit permettre de dessiner ce qui est désirable pour nos existences et ce dont nous avons réellement besoin. C’est une question de survie, davantage que toutes les mesures et tous les nouveaux types de confinements que l’on nous fera accepter à l’avenir.
Il y a des industries qui ne se sont pas arrêtées pendant le confinement et qui doivent aujourd’hui cesser. Il y en a d’autres qui ont été interrompues et dont l’activité ne doit pas reprendre. Cela ne pourra se faire sans constituer chemin faisant des liens avec les travailleurs qui en dépendent économiquement. L’urgence sociale c’est de penser avec elles et eux les mutations possibles des activités et les réappropriations nécessaires des lieux de travail. C’est aussi de contribuer à maintenir un rapport de force permettant de garantir les revenus pendant les périodes de transition et les besoins fondamentaux de ceux dont la crise aggrave encore la précarité. Nous n’atteindrons pas immédiatement toutes les productions qui devraient l’être. Mais il faut commencer, en stopper un certain nombre aujourd’hui pour continuer avec d’autres demain.
La publicité est une de ces industries nuisibles. Nous pouvons l’empêcher de nuire, en la regardant comme ce qu’elle est : une manipulation des pires lobbys (agro-industrie, automobile, alcool, mode…) visant à nous faire consommer toujours plus : plus de malbouffe, plus de bagnoles, plus de fringues, plus de téléphones… au mépris du bon sens et de notre santé, au mépris des territoires souillés et des populations exploitées.
Pour sortir de cette course folle, aujourd’hui, 17 juin, nous bloquons la publicité. |